Pourquoi les bébés pleurent ?
Tout d’abord, pourquoi pleure-il ?
Le nouveau-né humain naît entièrement dépendant de l’adulte pour sa survie. Les pleurs permettent,
en premier lieu, d’alerter l’adulte maternant qu’un besoin physiologique ou psychosocial est insatisfait.
Ils ont aussi une fonction sociale adaptative : ils permettent de restaurer la proximité avec l’adulte
maternant ou "donneur de soins", ils stimulent chez celui-ci son empathie et sa capacité à s’ajuster
à cet être si vulnérable. C’est ainsi que, spontanément lorsqu’un bébé pleure, un parent s’approche,
le prend dans les bras en lui parlant de façon mélodieuse et dédramatisante, essaie de comprendre
ce dont il a besoin et met en place des pratiques de maternage pour l’apaiser, comme le bercement
ou le chant par exemple.
A savoir que les théories pour expliquer les causes des pleurs sont multiples… On peut quelquefois
s’y perdre un peu… Par exemple, William H. Frey, biochimiste américain, a mis en évidence que les pleurs
ont une fonction analgésique (= anti-douleur) et apaisante. Il a retrouvé en très forte quantité dans les larmes
certaines substances comme les endorphines ou encore les leuci-enképhalines (connues pour leur effet
analgésique naturel). Ces substances se sont retrouvées en très forte quantité dans les larmes
émotionnelles versées devant une situation dramatique, mais qui ne sont pas retrouvées de la sorte dans
les larmes d’irritation ou celles versées en épluchant des oignons ! Toutefois, cette étude a été réalisée
chez l’adulte: notons que les nourrissons de moins de deux mois pleurent sans larmes! Cela est dû à
l’immaturité de l'appareil lacrymal qui fabrique les larmes.
Une seconde théorie plus axée sur le tout-petit indique que les pleurs auraient pour fonction d’évacuer
le stress. Cette fois-ci une quantité de cortisols contenue dans la salive des nouveau-nés a montré un
taux élevé à la naissance. Elle diminue à partir de 6 mois et varie peu ensuite. Sachant que le cortisol
est une hormone liée au stress, on pourrait affirmer que les pleurs jusqu’à 6 mois permettraient d’évacuer
le stress et qu’ils sont plus intenses dans cette tranche d’âge.
Les pleurs prennent aussi leur origine dans la non satisfaction des besoins fondamentaux de l’enfant.
Ainsi, ils permettraient de stimuler chez l'adulte une réponse à des besoins tels que la faim, le sommeil,
la nécessité d’être changé de position, la douleur ou le besoin d’être porté.
Si vous ne trouvez aucune de ces causes pour expliquer les pleurs de votre enfant, pas d’inquiétude !
Parfois, on ne retrouve aucune cause… Un nourrisson de quelques mois peut se laisser aller sans raison
apparemment identifiable. Les pleurs sans raison apparente représentent 40% à 70% des pleurs selon
différentes études. Quelques fois, on retrouve des raisons antérieures à la naissance, qui sont à l’origine
des pleurs. Ils peuvent, par exemple, être liés à des sources de stress accumulées pendant la période
foetale et la période néonatale.
Ainsi, pleurer constitue parfois pour le bébé et le tout jeune enfant, une manière naturelle de “se décharger
émotionnellement”. C’est pour cela qu’il est bon d’accompagner les pleurs du bébé vers un retour à
l’équilibre à son rythme, par une juste présence calme et empathique.

Mais qu’il y a-t-il de spécifique dans les pleurs du premier trimestre de vie ?
A savoir également que c’est dans le premier trimestre de vie que les pleurs sont les plus intenses.
Une courbe normale des pleurs a été réalisée à la suite d’une publication de Hunziker et Ronald
Barr en 1986. Celle-ci indique qu’il y a des pics d’intensité des pleurs à 3, 6, 8, 12, 15 et 23 semaines de vie.
Ainsi, vers 3 semaines, les bébés pleurent davantage : il s’agit souvent d’une période en lien avec une
poussée de croissance. Puis, entre 6 et 8 semaines surviennent ce qu’on appelle « les pleurs du soir » :
malgré l’intervention des parents, le nourrisson semble inconsolable, il s’agirait de pleurs de décharge
émotionnelle. Tous les enfants passent par ces étapes, même s’ils le font à des intensités différentes ;
les bébés peuvent pleurer jusqu’à deux heures par jour sans que cela ne soit alarmant !

Alors, que faire quand son bébé pleure ?
Vous pouvez commencer par adopter une attitude empathique à l’égard de votre bébé : à travers votre
timbre de voix et des paroles réconfortantes, en vous approchant de lui et en le prenant dans vos bras.
Catherine Gueguen, spécialiste des neurosciences affectives et sociales, met en avant qu’un cerveau se
développe de façon harmonieuse lorsqu’il expérimente des comportements empathiques à son égard, cela
va même impacter le développement des compétences cognitives en particulier les apprentissages.
Après cette première approche, vous explorerez spontanément ses besoins physiologiques : A-t-il encore
faim ? Faut-il lui changer sa couche ? A-t-il envie de dormir ? A-t-il froid? A-t-il mal quelque part ?
Difficultés digestives ? Rot coincé? A-t-il eu assez de contact relationnel avec ses parents? A-t-il besoin
d’être porté, contenu ? D’être changé de position? Présence de stimulus stressant dans l’environnement ?
Après avoir l’avoir pris dans vos bras et exploré les besoins physiologiques de votre bébé, s’il pleure
toujours, vous pouvez mobiliser des techniques de maternage d’apaisement: postures apaisantes
(balancelle, Buddha, position foetale), portage, peau à peau, bain détente, massage, bercement, chant…
Comme nous l’avons vu, il est possible que votre bébé pleure encore : ce n’est pas votre capacité à
prendre soin de votre bébé qui est en cause.
Vous pouvez également lui proposer la tétine ou le pouce. Ils vont permettre de créer la succion.
La succion est un besoin naturel et inné. C’est un des réflexes du nouveau-né comme le réflexe de
marche ou d’agrippement par exemple. L’avantage de la succion, c’est qu’elle permet de créer un
« plaisir oral » et libère l’endorphine, hormone qui favorise le bien-être. Si l’on s’intéresse au
développement psychoaffectif de l’enfant, on remarque que les sensations et les émotions les
plus fortes pour le nourrisson seront éprouvées autour de l’oralité pendant le premier temps de
la vie psychique. Ainsi, la tétine peut être un moyen de calmer les pleurs du nourrisson.
Ensuite, il semble intéressant de se rapprocher des substituts sensoriels tels que l’odeur rassurante de la
mère, ses bruits du cœur, le bercement, la distraction, ainsi que les massages et l’enveloppement. Ces
méthodes permettent également de favoriser les liens d’attachement parents-enfant.

Néanmoins, il convient d’adapter les moyens et les pratiques à chaque parent et à chaque enfant.
Un enfant est, avant tout, unique ! Aucune méthode ne doit être privilégiée. Le moyen utilisé doit être
en harmonie avec vous et votre enfant. Ils doivent également être adaptés à l’âge et au développement
de votre bébé.
Il est également important pour tout parent de connaître ses limites et de savoir passer le relais. Les
pleurs du nourrisson peuvent être stressants, surtout lorsqu’ils sont incompréhensibles, inconsolables
et que les nuits sans sommeil s'enchaînent… Cela fragilise mentalement les parents. Il est important de
savoir passer le relai à votre conjoint, à un ami, un voisin, ou en appelant une plateforme de professionnels
disponibles pour vous écouter, tel que la PMI (Protection Maternel et Infantile) de votre secteur, où se trouve
une équipe pluridisciplinaire qui saura vous accompagner.
Si malgré les réponses apportées à votre bébé, il ne s’apaise pas et que vous sentez que vous vous
énervez : mieux vaut le poser en toute sécurité physique dans son lit et revenir vers lui une fois apaisé.
Cette attitude vous permettra de prévenir le risque de bébé secoué qui engendre un traumatisme crânien
non accidentel lié au fait de secouer violemment un bébé dans le but de le faire taire. Malheureusement
cet état d’exaspération peut être fatal pour l’enfant… C’est pourquoi il vaut mieux en être informé. Certes,
vous entendrez souvent qu’il ne faut pas laisser un bébé pleurer seul, sans apporter de réponse, mais dans
cette situation d’exaspération, la réponse apportée est : qu’il vaut mieux prendre le temps de se ressourcer
en lui expliquant « j’entends bien que tu pleures mais là, j’ai besoin de me calmer avant prendre soin de
toi, tu es en sécurité dans ton lit, je reviens ».

En espérant que cet article a pu répondre à quelques unes de vos questions ou qu’il a pu vous donner
des outils de compréhension pour vous permettre de gagner en confiance. Beaucoup d’idées fausses
circulent autour des pleurs de l’enfant, ne doutez pas de vous, toutes les réponses sont en vous !
Vous connaissez mieux que quiconque votre enfant, alors une chose : Faites vous confiance !
Alice Feuvret, Infirmière Puéricultrice, alicefvt@icloud.com
Mariama Bouibed, Infirmière-puéricultrice, D.U. Développement cognitif et social du nourrisson,
formatrice et consultante www.parentalite-petiteenfance.fr
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